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Le voyageur immobile 4

#1
Suite du Voyageur Immobile

Oui, le rêve parfois réserve des surprises

Nous menant, tour à tour, sur des terres promises
Qui fleurent la beauté, répandent le bonheur
Comme une source chaude au sein de notre cœur.
Je me complais toujours à travers ce voyage
Qui me fait découvrir la douceur d’un rivage,
Le flanc d’une montagne ou le creux d’un vallon
Où souffle rarement le puissant aquilon.
J’aime à me rafraîchir à la source d’eau pure
Quand, d’un soleil ardent, je ressens la brûlure,
Ou bien me réchauffer auprès d’un feu de bois
Lorsque, le soir venu, quelques frissons sournois
M’agressent dans le dos, secouant mon haleine,
Alors qu’en haut des cieux, la lune souveraine
Illumine l’éther, comme un disque d’argent
Reflète la lumière en un flot divergent.
Dieu ! que je me complais dans ces décors tranquilles,
Loin de toute agression sur des terres fertiles
D’où s’exhale la paix, ce calme reposant
Qui pénètre mon corps comme un flux bienfaisant.
Point de déchirement, d’horreur, ni de misère,
C’est dans un paradis qu’aboutit ma croisière
Où je peux à mon aise y goûter les plaisirs,
Et y réaliser mes plus secrets désirs.
J’y fais une moisson qui me donne l’ivresse,
Imprègne mon esprit d’une folle allégresse,
Qui glisse dans mon âme une infinie langueur
Et me fait oublier du monde, la rigueur.
Oui, je me sens si bien qu’il me semble renaître
Dans un monde si beau que je veux m’en repaître
Pour jouir de ses trésors car je crains, qu’au retour,
Mon cœur soit déchiré à la fin du séjour
Qui est inévitable, aussi, je l’appréhende,
Y songeant un peu trop, quoique je m’en défende.
Mon bonheur est gâché devant le souvenir
Qui, du monde réel, vient de me revenir.
J’abhorrais cet instant autant qu’une torture
Et je ressens, déjà, l’atroce déchirure
Qui supplicie mes chairs, mon esprit, et mon cœur,
Me couvre d’un habit tout empreint de noirceur ;
Alors, je sens le froid pénétrer ma poitrine,
S’étendre sur ma peau, courir sur mon échine,
Puis atteindre les nerfs et les os à la fois,
Brisant ma volonté. Comme un cerf aux abois
Je suis pris dans le jeu du rêve, de la vie
Qui, inconsciemment, garantit ma survie.

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Je secoue ma torpeur d’un effort vigoureux
Pour chasser les desseins un peu trop ténébreux
Qui, jusqu’à cet instant, apposaient une emprise,
Comme un poulpe géant, sur ma pensée soumise.
Laisser le temps œuvrer puis, prendre mon envol,
Rejoindre l’oiseau blanc tout là-haut dans son vol,
M’éloigner de ce lieu, m’enfuir vers une grève
Suivant la fantaisie qui guidera mon rêve,
Comme l’onde transporte au gré de son courant
La branche de bois mort. Déjà, l’esprit errant
Qui a brisé ses liens, a rompu ses attaches,
Aperçoit au lointain, semblables à des taches,
Des restes de volcans où se brise la mer
Dont les fonds, d’où je suis, paraissent outremer.
J’amorce ma descente et remonte bien vite
En ayant constaté la laideur de ce site
Fait de lave, et de pierres, et de rochers tout gris
Qui semblent dépourvus des moindres coloris.
Au centre d’un volcan, telle une bouche hideuse,
Le cône recrachait une lave visqueuse
Comme une vomissure éructée d’un poumon
Qui n’avait rien d’humain, mais plutôt d’un démon.
S’en approcher pouvait me conduire au désastre ;
Nocives ses fumées obscurcissaient tout l’astre
Qui dispense la vie, ainsi que la chaleur.
En un nuage épais cette noire vapeur
Recouvrait les nuées, étalant son panache
Qui allait grossissant, toujours et sans relâche.
Je ne pouvais rester en ces lieux inféconds
Qui empestaient le ciel de jets nauséabonds,
Préférant m’éloigner de ces sols trop arides
Dont l’air est saturé par des gaz acides,
Je vais chercher plus loin un nouveau paysage
Qui puisse me montrer un tout autre visage.
D’un murmure lointain je perçois les accents
Pour constater alors qu’ils sont évanescents,
Néanmoins, je me fie à ce point de repère
Espérant découvrir un site plus prospère
Et où, quelques instants, je pourrai me poser,
Or, rien n’est encor fait, car je dois le trouver.
Je poursuis le chemin à travers mon errance
Pareil à ces troupeaux lors de la transhumance
Mais je n’ai, quant à moi, pas de but très précis,
Même dans mon désir je demeure indécis.
Que dois-je découvrir ? Et qui dois-je rejoindre ?
Si j’avais une idée!... Je n’en ai pas la moindre!...
Je suis le fil du temps qui m’emporte avec lui
Sans avoir à souffrir l’angoisse de l’ennui.
A chacun de mes vols, quel que soit le voyage,
Je fais avec la terre un pacte, un mariage,
Je m’unis avec elle en une communion
Et puise mon plaisir au cours de notre union.
Ma jouissance devient semblable à un délice
Quand la réalité se révèle un supplice.
Je me retrouve seul sur la couche, étendu,
Le corps tout en sueur et le regard perdu.